C’EST EN CHANTANT LE NOM DE TOUT CE QU’ILS AVAIENT CROISÉ EN CHEMIN [...]
QU’ILS AVAIENT FAIT VENIR LE MONDE À L’EXISTENCE
252 x 70 cm.
Cailloux, clous, CP peuplier, pierre noire, acier travaillé à l’ématite.
C’est en chantant le nom de tout ce qu’ils avaient croisé en chemin [...] qu’ils avaient fait venir le monde à l’existence est une citation de la chronique nomade Le chant des pistes écrite par Bruce Chatwin en 1987 sur les régions désertiques du Nord de l’Australie. Dans ce livre, Chatwin s’intéresse à une ancienne coutume aborigène particulièrement signifiante quant au rapport que les hommes peuvent entretenir avec leur territoire et leur histoire. Contrairement à la Genèse qui veut que Dieu ait créé les hommes, “les mythes aborigènes parlent d’êtres totémiques légendaires qui avaient parcouru tout le continent au Temps du Rêve. Et c’est en chantant le nom de tout ce qu’ils avaient croisé en chemin - oiseaux, animaux, plantes, rochers, trous d’eau - qu’ils avaient fait venir le monde à l’existence.” Aujourd’hui, les nomades sillonnent toujours le territoire en suivant ces songlines (sentiers invisibles et sacrés) reprenant les routes des ancêtres. Pour parcourir ces “pistes des rêves”, il est nécessaire de connaître les chants qui fonctionnent à la fois comme une carte et un topo-guide.
Le tableau est composé de cailloux ramassés lors de randonnées et choisis pour la ligne de quartz ou de calcite qui les traverse. Formée naturellement du fait des pressions auxquelles les roches sont soumises, les diaclases sont des fractures dans la roche dont les parties disjointes ne s’éloignent ni ne se décalent les unes des autres. Au fil du temps, l’eau s’infiltre dans les diaclases, y dépose du calcium et du calcaire qui se recristalisent et forment ces lignes blanches “parfaitement droites”. Maintenus en tension les unes à la suite des autres par des clous, les pierres forment sur le plateau de bois une ligne d’horizon ramenant à l’échelle du temps géologique. L’installation pousse naturellement à se rapprocher invitant le spectateur à suivre la ligne comme il suivrait l’un de ces “sentiers invisibles”.
IL CONTINUA EN M'EXPLIQUANT COMMENT [...] CHAQUE ANCÊTRE AVAIT LAISSÉ DANS SON SILLAGE UNE SUITE DE MOTS ET DE NOTES DE MUSIQUE ET COMMENT CES PISTES FORMAIENT DANS TOUT LE PAYS DES 'VOIES' DE COMMUNICATION.
31,5 x 31,5 cm
16’06’’, création sonore gravée sur vinyle et composée en collaboration avec Valentin Ferré.
Pochettes et sous-pochettes vinyl: Design graphic Capucine Vever, sérigraphiées sur les presses de l'Insolante.
Tirées en 5 exemplaires, numérotés et signés.
Appuyer sur play pour écouter le vinyle (écoute sur enceintes stéréo amplifiées conseillée) :
Retraçant le mouvement de l’eau qui s’est écoulée le long des fissures de roches, j’ai parcouru cette ligne d’horizon en frottant un silex sur chacun des cailloux. Activée par le silex, la ligne prend vie et se met à chanter. Elle devient un instrument de musique que le silex fait résonner, à l’image d’un archet sur les cordes d’un violon. Ce son, gravé sur un vinyle, est en écoute libre dans l’espace d’exposition. Il appartient au public d’activer - ou non - la ligne d’horizon. Dessinée à la pierre noire au dessus de la ligne, la partition graphique indique la manière dont j’ai joué les cailloux. Elle devient le dessin topographique d’une chaîne de montagne imaginaire, d’un chant des pistes entre les divers lieux de provenance des pierres, qui sont eux bien réels.
TOUR D'HORIZON DU MASSIF DE LA VANOISE (SAVOIE) AU MASSIF DE LA RHUNE (PAYS BASQUE) EN PASSANT PAR LA RÉSERVE NATURELLE DU COURANT D'HUCHET (LANDES ET LA FORÊT DOMANIALE D'OLONNE (VENDÉE).
Dimensions: 56,5 x 76,5 cm
Pierre noire sur papier Arches.
Le dessin nommé Tour d’horizon du massif de la Vanoise au massif de la Rhune en passant par la réserve naturelle du courant d’Huchet et la forêt domaniale d’Olonne
reprend quant à lui les motifs de la partition graphique, agencés non plus en ligne droite mais à la manière des orographes. Inventé à la fin du XIXe siècle par Franz Schrader, ce dispositif facilite la cartographie des régions montagneuses en réalisant des « tours d’horizon ». Entre le relevé topographique et le dessin, cet instrument a été jugé difficile d’utilisation et rapidement remplacé par la photographie naissante. Reprenant ce système tombé en désuétude, j’ai imaginé la partition comme une chaîne de montagne dont les reliefs auraient été redessinés à l’aide d’un orographe.