LA RELÈVE
Video still, 2019
Par une dissociation entre image et espace sonore le film La Relève, tourné uniquement depuis le sémaphore du Créac’h posté en fin de terres sur l’île d’Ouessant, joue de contraste entre des images contemplatives de l’espace océanique – la vision commune d’un océan sauvage et authentique – et une voix qui décrit l’intense activité qui s’y déroule mais que l’on ne voit plus depuis les côtes. La narratrice est invisible, sa présence est suggérée par les mouvements d’une camera subjective qui se ballade au sein de ce bâtiment dont la fonction était de porter (photos) le signe (sema).
Réincarnation du gardien de phare, figure aujourd’hui disparue avec l’automatisation des modes de navigation, tel un acousmêtre* elle n’a d’existence que dans l’espace sonore du film. Elle cherche au sein du sémaphore différents points de vue sur ce paysage qu’elle connait par coeur, elle cherche en vain ses portes-conteneurs qu’elle sait présents mais qui se dérobent à son regard, déplacés à quelques miles juste derrière l’horizon. Telle une voix intérieure, ses pensées se font entendre et projettent sur les cargos qui fonctionnent alors comme le hors-champ du paysage. Si à l’image la notion de distance est omniprésente par un horizon qui semble s’étirer à l’infini, les réflexions de la narratrice nous amènent à considérer les distances comme inexistante, abolie par un trafic de marchandise incessant et très bon marché.
* « Acousmêtre : Personnage invisible que crée pour l'auditeur l'écoute d'une voix acousmatique hors-champ ou dans le champ mais dont la source est invisible, lorsque cece voix a suffisamment de cohérence et de continuité pour constituer un personnage à part entière [...]" Voir Michel Chion, 2006. cf. http://www.lampe-tempete.fr/ChionGlossaire.html.
LA RELÈVE (extrait 5min- vostEng)
Film 4K et son binaural, 14m36sec, 2019
IMPORTANT: LIRE LA VIDÉO AVEC UN CASQUE AUDIO POUR L'ÉCOUTE BINAURAL