LAME DE FOND, 2019
© Rebecca Funuele et Capucine Vever
Le projet Lame de Fond s’intéresse à l’intense activité du trafic maritime en haute mer, un espace éminemment politique. Par-delà l’horizon, les trajets empruntés quotidiennement par les cargos dessinent en creux une carte du monde où les continents apparaissent tels des fantômes. Retracer frénétiquement à la main, la carte est ensuite gravé à l’eau forte sur une plaque de cuivre, la matrice, elle-même replongée 9 fois dans l’acide après chaque impression, la carte initiale devenant une image abstraite. Le «restant» de matrice est exposé dans un aquarium d’eau de mer au côté des 9 impressions.
Cette installation propose un détournement formel du trafic maritime grâce à un ancien procédé : la photogravure en taille douce. Éprouvée jusqu’à l’épuisement, la carte rendue illisible par ce processus qui ronge et mord la matière avec de l’acide est une métaphore des effets lents et irréversibles de l’activité humaine sur le milieu aquatique. Exposée dans un bain d’eau de mer, la matrice subit une oxydation progressive du cuivre par le sel de mer insufflant une temporalité à l’œuvre. C’est bien de temps plus que d’espace dont il est question dans cette cartographie.
IMPRESSIONS TAILLE DOUCE SUR PAPIER HAHNEMÜHLE
© Capucine Vever